© Ouest France – Bretagne – Modifié le 03/06/2015 à 04:00 | Publié le 01/06/2015 à 04:03
Tétraplégique et sportif : rien d’incompatible. Mattéo Chiarruli a des envies d’enfant de 11 ans : faire du foot. En coupe de France, ce week-end à Rennes, il aurait besoin d’un nouveau fauteuil pour jouer.
Sur le bord du terrain, dans le gymnase des Hautes-Ourmes, Mattéo Chiarruli écoute les consignes de Marie, l’éducatrice sportive. Dernier match de la journée. L’équipe du Handisport Rennes club est en consolante.
« On a perdu mais on a bien défendu », lance le petit bonhomme aux yeux bleus, sourire vissé aux lèvres. « Ils ont beaucoup progressé », ajoute Philippe, le papa. Mais comment lutter quand tous les autres ont des fauteuils roulants électriques dernière génération, plus bas, plus légers, plus vifs et avec un carénage plus long qui offre une meilleure prise au ballon ?
Car sur le terrain, on ne rigole pas ! Ce sont les championnats de France de foot fauteuil. La phase régionale. Les meilleures équipes bretonnes (Brest, Lorient, Kerpape, Dinan et Rennes) se mesurent. Mattéo, 11 ans, tétraplégique depuis sa naissance, vit sa première année au sein de l’équipe.
Un très bon élève
Le foot, comme tous les petits garçons de son âge, c’est un peu sa raison d’être. « Il voulait pratiquer depuis l’âge de 6-7 ans, mais il n’y avait pas de structures adaptées aux jeunes, raconte son papa. Quand on est tétraplégique, il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de sports qu’on peut pratiquer. » Mattéo s’est essayé à la sarbacane et à la boccia, une sorte de pétanque adaptée. Il a représenté la Bretagne début mai aux Jeux de l’avenir, sorte de Jeux paralympiques pour les 10-17 ans organisés tous les deux ans.
12 000 € pièce
En 6e au collège Georges-Brassens du Rheu, sa ville, Mattéo est un très bon élève : 17,51 de moyenne. Il fait de l’anglais depuis la grande section, prévoit le « latin en 5e et l’italien en 4e ». Et puis il y a le sport. Comme son meilleur copain, Mathéo aussi, valide, lui, mais également footeux et supporter du Stade Rennais.
Tous les mardis soirs, il vient s’entraîner aux Hautes-Ourmes. « Attaquant » le plus souvent, « sur le côté gauche », il s’illumine en poussant le gros ballon de 33 cm avec son vieux fauteuil. « Prêté par le club, il est en fin de vie mais il n’aurait pas pu en faire autrement », souligne Philippe. Le modèle Strike Force, comme celui qu’ont les autres équipes bretonnes, coûte 12 000 € pièce. À chacun de se débrouiller pour son achat. « Il n’y a aucun financement de la CPAM ni de la MDPH (Maison départementales des personnes handicapées) car on considère que c’est un matériel de sport, donc de loisirs. Et une seule société existe en France qui l’importe des États-Unis. Les prix s’envolent… »
Les parents de Mattéo se démènent pour trouver des sponsors, obtenir des subventions. Stade Rennais, assurances, banques, grosses structures : les démarches sont pour le moment restées vaines. « On vit dans un monde un peu égoïste, on est beaucoup sollicité mais c’est une bonne chose que de supporter un club qui n’a pas trop de moyens mais qui a la niaque ! Ou de lui prêter son image. »
Les Foulées de l’hôtel de police, en septembre, permettent déjà de récolter des fonds à l’association Lescopainsdematteo, « mais toute autre initiative est bonne à prendre ! » Pour que le rêve du petit garçon se prolonge. « Le Strike Force, faut bien le maîtriser ! Je l’ai essayé : il a des rotations plus puissantes, plus réactives… »
Contact : Philippe, 06 64 98 93 39. Blog : lescopainsdematteo.over-blog.com
