Avec les Jeux des valides, un rapprochement de plus en plus évident Auteur Mustapha Kessous ( repéré par Vincent Hoefman dans "le monde" pour #cecitroc-infos !) Date 21 mai 2024 Depuis sa création, l'événement destiné aux athlètes en situation de handicap a réussi à se créer une place au côté des JO Le 11 août, la flamme s'éteindra, mettant ainsi un point final aux Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. Comme le veut la tradition, ce feu sacré sera ravivé dans quatre ans par des prêtresses alignées entre les ruines du temple d'Héra, à Olympie (Grèce), et voyagera jusqu'à Los Angeles, ville-hôte de la prochaine édition. Ce cérémonial précis et visuel ne sera toutefois pas mis en scène à l'occasion des Jeux paralympiques (JP), qui auront lieu dans une centaine de jours (du 28 août au 8 septembre). Mais une autre flamme va bien renaître à la mi-août : à Stoke Mandeville, cité située au nord-ouest de Londres, berceau historique de ce mouvement réservé aux athlètes en situation de handicap. Puis elle traversera, à partir du 25, la France et cinquante villes, portée par mille relayeurs, avant l'allumage de la vasque, prévu trois jours plus tard à Paris. « Cela annonce le lancement d'une compétition à part entière et qui ne se dilue pas dans les Jeux olympiques », souligne Hakim Arezki, joueur de cécifoot, en argent à Londres en 2012 et qui vise un nouveau podium cet été. «  Le match aller s'est terminé, le match retour va s'ouvrir et nous offrir des émotions tout aussi fortes », résume Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF). Ce qui fait dire à Emmanuelle Assmann, médaillée de bronze en épée par équipes à Athènes en 2004, que « les Jeux paralympiques ne sont pas les Jeux olympiques, et vice versa ». Le Comité international paralympique (IPC) et le Comité international olympique (CIO) sont en effet deux institutions indépendantes et autonomes collaborant à la bonne coordination de ces deux événements planétaires. « Ça ne veut pas dire qu'il y en a un qui est mieux ou moins bien que l'autre : il y a des choses communes et des choses qui ne le sont pas », ajoute Mme Assmann. L'histoire du paralympisme est beaucoup plus récente. Tout commence le 29 juillet 1948. Le neurochirurgien Ludwig Guttmann, médecin à l'hôpital de Stoke Mandeville, organise un tournoi au premier jour des Jeux olympiques de Londres. Cet éminent médecin a compris que le sport pouvait aider les blessés de la seconde guerre mondiale (surtout ceux touchés à la moelle épinière) à surmonter leur douleur. Et les réparer, aussi bien sur un plan physique que mental. Ce jour-là, seize militaires en fauteuil roulant – et quelques femmes – pratiquant le tir à l'arc prennent part aux Jeux de Stoke Mandeville. A l'ombre du CIO, cette compétition va petit à petit prendre de l'ampleur jusqu'à réunir, en 1960, 400 athlètes venus de 23 nations qui s'affrontent alors dans huit sports. Cette neuvième édition des Jeuxde Stoke Mandeville, organisée une semaine après les JO de Rome, est considérée comme les premiers Jeux paralympiques. Signe de leur importance, le pape Jean XXIII surnomme Ludwig Guttmann le « Coubertin des paralysés », en référence à l'initiateur des Jeux olympiques modernes. Dès lors, tous les quatre ans, les JP vont se dérouler la même année que les JO d'été. C'est seulement depuis Séoul, en 1988, que les deux événements ont lieu dans la même ville et les mêmes stades, à quelques semaines ­d'intervalle, le temps d'adapter le village et les arènes aux besoins des para-athlètes. Les Jeux paralympiques reprennent codes et autres rituels de ses illustres aînés : flamme, mascotte, cérémonie d'ouverture avec, cependant, des différences notables. Ainsi, il leur est interdit d'afficher les anneaux, symbole exclusif du CIO. L'emblème des JP est représenté par trois « agitos » colorés, sortes de virgule signifiant le mouvement. « Plutôt que d'avoir les anneaux, à nous de défendre les valeurs qui vont avec les agitos, ajoute Emmanuelle Assmann. Nous ne sommes pas obligés de vouloir être exactement comme le grand frère. Il est important de développer notre singularité et de mettre en avant notre identité. ». La place de la publicité. En outre, les médailles paralympiques ne sont pas tout à fait identiques à celles récompensant les valides. Comme pour Paris 2024, le revers peut être le même (il sera orné d'un morceau de fer originellement destiné à la tour Eiffel), en revanche, le design de son avers est toujours différent. On ne peut pas y reproduire Niké, déesse de la Victoire, figure destinée seulement à sacrer les athlètes olympiques. « Quand les journalistes me présentent comme médaillée olympique, je les reprends en leur disant : “Non, je suis médaillée ­paralympique.” Cela ne signifie pas que c'est moins bien ou mieux, c'est juste la réalité », estime Emmanuelle Assmann, qui a été présidente du CPSF. « Pour moi, la valeur des récompenses olympiques et paralympiques est la même, et c'est le plus important », tient à préciser Hakim Arezki. Autre grande différence : la publicité dans les stades et autour des enceintes sportives est autorisée aux JP, ce qui n'est pas le cas aux JO. Par ailleurs, les Jeux paralympiques proposent des disciplines sportives qui n'existent pas aux Jeux olympiques, comme la boccia et le goalball. Ces dernières décennies, le CIO, devenu le premier partenaire de l'IPC, a pour mission d'accroître la visibilité des Jeux paralympiques ou encore de veiller à leur stabilité financière. Le symbole le plus fort de cette collaboration : un seul comité d'organisation pour livrer les deux événements. Dans sa communication, celui de Paris 2024 a d'ailleurs pris soin de présenter simultanément des mascottes olympiques et paralympiques, les Phryges, dont une avec une prothèse de jambe. Et sur les affiches publicitaires, le logo des anneaux est au même niveau que celui des agitos. « Ce qui créera l'égalité entre les deux événements, c'est que les Jeux olympiques et paralympiques connaissent le même engouement populaire et médiatique, souhaite Hakim Arezki. Ça sera, pour nous, la véritable reconnaissance. ».